mardi 10 octobre 2023 , par
Extrait - A - des Mémoires d’Henri Lepage en six périodes
Mon grand-père Louis Lepage est né le 11 Février 1868 aux Touches.
Vers 1945, à cette époque il n’y avait pas la télévision, le soir on se mettait devant la cheminée avec un bon feu de bois, pour parler de tout et de rien.
Mon grand-père roulait ses cigarettes, et en cachette il me roulait une petite cigarette avec seulement quelques grains de tabac, naturellement si ma mère s’en apercevait il avait droit à des reproches, cela aurait pu m’inciter à devenir fumeur, ce n’a pas été le cas.
Même plus tard pendant mon service militaire en plus de la solde on recevait des paquets de cigarettes que je donnais à des cousins.
Je me souviens des soldats Allemands en 1944, à cette époque j’avais 6 ans, ils avaient installé une forge dans le garage en planche à côté de notre maison. Il y avait une certaine animation.
Un officier Allemand avait l’habitude d’attacher son cheval au poteau électrique devant la maison.
En face, il y avait l’atelier de Jean Godin qui était charron.
Comme à l’époque il y avait peu de circulation, il prenait presque la moitié de la route pour cercler les roues de charrette, il y avait un feu pour chauffer le cercle et à côté la roue couchée à plat bien calée sur la route, pour recevoir le cercle, c’était un évènement dans le quartier.
Pendant les vacances scolaires, j’allais passer quelques jours chez tante Annette à Blain.
Elle avait un grand jardin où l’on trouvait un peu de tout.
Je me souviens qu’il y avait des fleurs que l’on appelait "Belles de jour" qui s’ouvraient le jour et se fermaient la nuit, et "Belles de nuit" qui se fermaient le jour et s’ouvraient la nuit.
Dans la journée, je mettais une grande boîte en carton par-dessus les "Belles de jour", pour les voir se fermer, et sur les "Belles de nuit" pour les voir s’ouvrir.
Vers 1947, ma mère est retournée à Nantes comme employée de maison chez les parents de M. Landry Place Edouard Normand, naturellement j’ai accompagné ma mère, j’allais donc à l’école Frédureau à Nantes.
Pour aller à l’école, il y avait 2 trajets différents, mais d’égale distance, il fallait environ 5 minutes pour faire le trajet, les premiers jours ma mère m’avait accompagnée, puis je faisais le trajet seul, j’avais environ 9 ans, au début je m’étais 10 ou 15 minutes pour faire le trajet, car je faisais du lèche-vitrine... Après plusieurs jours m’habituant au parcours j’ai réduit progressivement le temps du trajet pour arriver sans doute à un temps normal d’environ 5 minutes.
Sans rien dire à personne, un jour j’ai décidé de prendre pour le retour de l’école vers la maison, le 2ème trajet que je n’avais vu que brièvement avec ma mère, naturellement tout était nouveau pour moi, et je m’attardais à voir les vitrines des magasins, sans me rendre compte du temps qui passait.
A la maison on était très inquiet de ne pas me voir arriver, ma mère se rendit à l’école par le 1er trajet, on lui dit que j’étais bien partie aussitôt la fin de la classe...
Ma mère de retour à la maison sans m’avoir trouvé, s’apprêtait à aller signaler ma disparition, lorsque je suis arrivé...
Vers la fin de l’année 1948, nous sommes revenus aux Touches.
Ma mère trouva divers emplois, elle fut employée de maison chez Eugène Rupaud forgeron aux Buttes, qui venait de perdre sa femme, il avait 3 garçons.
Nous avons également été chez Auguste Batard qui avait au moins 70 ans, il avait une sœur très handicapée. Sa maison est devenue le bureau de poste vers 1960.
Il m’arrivait de jouer aux cartes avec M. Batard, il portait des lunettes et son jeu de cartes se reflétait dans les verres.
Sauf une fois où il n’était pas à sa place habituelle, il était le dos à la porte qui donnait sur le jardin, au lieu d’avoir cette porte à sa droite, si bien que cela faisait un faux jour et il n’y avait pas de reflet des cartes sur ses verres de lunettes.
Je lui ai suggéré que ce n’était pas sain d’être le dos dans la porte, qu’il pouvait y avoir des courants d’air, alors il s’est levé et a pris sa place habituelle, et j’ai de nouveau pu voir le reflet de ses cartes...
Par la suite, ma mère a été employée comme cuisinière à l’école des filles, je me souviens que j’avais une petite chambre mansardée. Dans ces divers cas on était logé chez les employeurs.
Vers 1949, j’ai accompagné ma mère à Nantes, j’avais environ 11 ans, nous avons été voir M. et Mme Landry.
M. Landry, directeur d’un journal, a proposé de m’emmener à la foire de Nantes, ma mère lui a donné son accord, je lui ai dit que je n’avais pas d’argent pour acheter mon billet d’entrée, il me répondit : "Si je t’invite tu n’as pas à payer", puis il ajoute : "D’ailleurs je vais te faire entrer sans payer".
Nous avons été à la foire, il m’a expliqué qu’une fois à l’entrée je devais me tenir devant lui, qu’il mettrait sa main gauche sur mon épaule et lorsqu’il ferait un petit geste je devais me mettre à courir une dizaine de mètres, donc à l’entrée il a présenté sa carte de presse qui lui permettait d’entrer sans payer, m’a fait un petit signe avec sa main sur mon épaule, j’ai passé en vitesse la porte d’entrée et couru une dizaine de mètres, pendant que M. Landry exhibait sa carte sous le nez de l’employé à l’entrée.
L’employé ne pouvait pas quitter son poste à l’entrée car des dizaines de personnes seraient entrées sans payer.
M. Landry m’a fait visiter les divers stands, il m’a offert un jus de fruit, puis nous sommes retournés chez lui avec sa voiture.
Je me souviens que c’était une voiture qui m’impressionnait, il y avait 3 tuyaux de chaque côté du moteur, c’était la première fois que je voyais ce genre de voiture.
En route il me demanda si je lisais son journal, et ce que j’en pensais, comme il voyait que j’hésitais à répondre, il me dit que je pouvais lui parler franchement, c’est ce que j’ai fait, en lui faisant remarquer par exemple que dans les articles sur les faits divers, accidents, agressions, etc... il y avait qu’un simple résumé des faits sans les détails que l’on trouvait dans d’autres journaux, ma mère ne prenait que son journal un hebdomadaire, mais à l’époque dans les commerces il n’y avait pas de petits sacs plastique comme maintenant, les marchandises étaient enveloppées dans des journaux, que je récupérais pour les lire.
M. Landry me dit qu’en effet il ne détaillait jamais les faits divers, car il estimait que c’était malsain, que par exemple pour un accident cela pouvait choquer certaines personnes et pour un cambriolage si on indiquait le déroulement des faits, cela risquait de donner des idées à d’autres...
Il ajouta qu’il préférait vendre moins de journaux mais qu’il ne changerait pas.
On connait les effets de la publicité, à mon avis les médias sont partiellement responsables de l’augmentation de l’incivilité.
Quelques années plus tard M. Landry est décédé et son journal a cessé de paraitre, personne n’a repris son journal, et pourtant c’est lui qui avait raison, c’était un grand Monsieur.
Déjà depuis plusieurs années, j’étais choriste, quand c’était ma semaine je devais assister à la messe le matin avant d’aller à l’école, tous les soirs de la semaine c’était le chapelet, le Dimanche je devais aller à la première messe du matin, ensuite la grand-messe et l’après-midi les vêpres.
L’Abbé Henri Dupas m’avait appris à jouer de l’harmonium, j’ai joué de l’harmonium quelques Dimanches à la grand-messe vers 1950.
A l’école j’étais selon les matières, dans les 5 premiers, mes points forts étaient le dessin et le calcul. Un jour j’avais terminé mon dessin et je voyais Claude Gautreau qui n’arrivait pas à faire le sien, en cachette j’ai fait son dessin.
Quelques jours après, à la maison on avait fait appel à son père qui était vétérinaire pour soigner notre chat, c’était un chat abandonné, quand je l’avais trouvé il était très maigre, je l’avais appelé "misère", M. Gautreau nous dit qu’il n’y avait plus rien à faire, seulement une piqûre pour abréger ses souffrances, c’est ce qu’il fit, j’étais triste car je m’étais habitué à ce chat.
On demanda à M. Gautreau combien coûtaient son déplacement et la piqûre, il répondit : rien, c’est pour le dessin. Claude lui avait dit que je l’avais aidé à faire son dessin.
Ma mère est tombée malade elle fut hospitalisée à Nantes pendant plusieurs mois.
Pendant l’absence de ma mère, c’est mon oncle d’Angers qui m’a recueilli, avec mon oncle et ma tante ça se passait très bien, j’étais un peu comme leur fils, mais ils avaient trois filles qui avaient quelques années de plus que moi et pour elles j’étais l’intrus, les relations étaient donc très difficiles avec mes chères cousines...
J’ai donc pendant quelques mois était à l’école à Angers dans la Paroisse Saint-Antoine.
A cette époque mon oncle habitait rue d’Antioche à environ 500 mètres de l’école.
Le premier jour mon oncle m’a accompagné à l’école, il avait fait le nécessaire la veille avec le Directeur M. Hurel, nous sommes arrivés à l’école un peu en avance pour que mon oncle me présente au Directeur, nous avons traversé la cour de récréation qui était grande comme un terrain de football, il y avait déjà des élèves qui jouaient dans la cour, je remarquais qu’au fur et à mesure qu’on avançait, les élèves arrêtaient de jouer pour nous regarder, je pensais naturellement que c’était normal j’étais le petit nouveau...
Mon oncle et le Directeur échangèrent quelques mots, celui-ci me posa 2 ou 3 questions puis après le départ de mon oncle me conduisit dans une classe où en quelques mots il invita les autres élèves à me faire un bon accueil pour les quelques mois que je devais passer avec eux.
A la récréation je suis sorti dans la cour comme les autres, j’ai aussitôt été entouré par presque tous les élèves, ce n’était pas agressif mais de la curiosité, ils avaient tous la même question : "qu’est-ce que tu a fait ?", je ne comprenais pas cette question, je ne savais pas quoi répondre, ils étaient de plus en plus insistant mais sans brutalité, lorsque l’un d’eux un peu plus bavard que les autres, me dit : "allez tu peux bien nous dire ce que tu as fais, on a vu celui qui t’a amené, c’est un flic qui habite pas loin de l’école", ça été pour moi le déclic, en effet mon oncle était Inspecteur de Police en civil, lorsque l’on dit qu’en ville on ne connait même pas ses voisins, apparemment il y a des exceptions... J’allais répondre quelque chose, lorsqu’un autre élève est intervenu, il était plus grand et paraissait costaud peut-être en dernière année, il leur dit de me ficher la paix, alors il se sont dispersés, il m’a dit s’ils t’embêtent-tu me le dit... J’ai appris après que c’était un voisin de mon oncle et que ma tante avait parlé de mon arrivée à sa mère, il connaissait donc ma situation, le bouche-à-oreille a sans doute fonctionné car on ne m’a plus posé de question et j’ai été très bien accueilli dans cette école.
Cette école primaire était du même niveau que celle des Touches, avec une différence importante, aux Touches il y avait la petite et la grande classe, et là il y avait cinq classes, dans la classe où l’on m’avait placé, j’étais toujours dans les premiers, on m’a alors déplacé dans la classe suivante, à une place libre au fond de la classe, je ne voyais pas au tableau et je n’osais pas le dire, je copiais mes voisins qui naturellement s’ils étaient au fond de la classe n’étaient pas les meilleurs, je suis donc resté au fond de la classe, jusqu’au jour où l’on s’est aperçu que j’avais besoin de lunettes.
A mon retour à l’école aux Touches, le premier jour avec mes lunettes, que je ne portais que pour lire au tableau, j’ai été l’attraction, surtout quand l’instituteur M. Joseph Maillard me demanda si avec mes lunettes "j’entendisse mieux" et que j’aie répondu oui... fou rire de toute la classe...
Ayant quitté l’école en Juin 1952 à 14 ans, j’ai été embauché par M. Bernard Leduc le 1° Juillet 1952 à l’essai pendant 2 mois 1/2, ensuite comme apprenti tourneur, avec un contrat d’une durée de 3 ans.
Il y avait : André Lemasson, Fernand Herbert, Yves Duval et Alexandre Huard de Riaillé, en deuxième année d’apprentissage, il venait en moto, j’étais donc le 5ème employé.
On descendait à la cave de Bernard Leduc, même quand il n’était là, pour prendre un ou plusieurs verres de petits vins de pays ou de cidre, à 11 heures et à 16 heures, environ 10 minutes de pause. C’était le plus jeune qui tirait à la barrique, je l’ai fait pendant un an, j’étais bien content quand Hervé Leduc a été embauché, car c’est lui qui m’a remplacé au pied de la barrique.
La descente à la cave s’est terminée, lorsque l’effectif a dépassé la quinzaine, après c’était à chacun d’amener sa boisson. La S.A.H. Leduc
Petite aventure, au cours de ma 1ère année d’apprentissage : j’étais apprenti tourneur chez Bernard Leduc, depuis quelques mois. Dans l’atelier, il y avait une armoire pour ranger les divers outils, clés, forêts, etc...
Il arrivait que les artisans du voisinage, venaient emprunter un outil.
Un jour, Yves Duval cherchait dans l’armoire, et me dit qu’il ne trouvait pas ce qu’il cherchait, il en avait un besoin urgent, que c’était sans doute un artisan qui l’avait emprunté, il me dit d’aller vite à côté chez le charron, Jean Godin, lui demander si c’était lui qui avait emprunté l’équerre cintrée.
J’ai été en vitesse chez le charron lui demander, il m’a dit non, que c’était peut-être André Etienne, je vais voir au garage Etienne, et là on me dit non, c’était peut-être Jean Charrier, j’étais pour aller le voir, mais en réfléchissant, j’ai réalisé que la soi-disant équerre "cintrée" ça n’existait pas, et on était le : "1er Avril 1953". Yves Duval m’avait piégé.
J’avais une petite excuse, j’étais jeune apprenti en première année.
Le 26 Octobre 1956, un contrôle fiscal devait avoir lieu à l’entreprise Leduc, à cette époque le mouvement Poujadiste était très actif pour prendre la défense des artisans et commerçants.
Une manifestation Poujadiste devait avoir lieu devant l’entreprise pour s’opposer au contrôle.
Je n’avais pas prévu de prendre des photos, mais quand j’ai vu le nombre important de manifestants, j’ai été cherché mon appareil photo, et j’ai pris des photos de la manifestation.
Au Tribunal Administratif, les divers responsables ont été auditionnés, le Président voulait savoir entre autres qui était celui qui avait pris des photos, personne ne le connaissait... il n’y a pas eu de conséquences graves pour l’entreprise. Voir les photos sur l’onglet "Contrôle fiscal 1956" sur la page : La S.A.H. Leduc
Dans les années 1950, la carrière située à côté à la Vieille Cure, entre l’église et le Mont-Juillet, servait de décharge pour les ordures.
Dans l’atelier de l’entreprise Leduc, l’usinage des pièces faisait de la tournure, en fin de semaine, on allait jeter cette tournure dans la carrière avec une charrette à bras équipé d’un bac pouvant contenir jusqu’à une tonne de copeaux.
Il fallait être à 3 ou 4 pour monter la route du Mont Juillet. On avait pour consigne de bien mettre les copeaux dans la carrière et non sur le bord.
Compte tenu du temps passé à 3 ou 4, M. Leduc nous autorisa à se servir de sa camionnette avec plateau pour le transport des copeaux, avec seulement un ouvrier Yves Duval et un apprenti Henri Lepage.
Un jour, il avait beaucoup plu la nuit précédente, le terrain était détrempé, je guidais Yves Duval pour qu’il recule la camionnette le plus près possible, soudain les roues arrière se sont enfoncées, j’ai bien cru que la camionnette basculait dans la carrière, heureusement elle s’est stabilisée, avec des crocs on a fait glisser la tournure dans la carrière, avec la pente s’était plus facile.
Après pour repartir impossible d’avancer, les roues arrière s’étaient enfoncées d’environ 20 cm, il a fallu dégager devant et mettre des branchages pour faciliter le passage des roues.
On a passé beaucoup plus de temps que d’habitude, et naturellement Bernard Leduc nous a demandé ce qu’on avait fait pendant tout ce temps, pas question de lui dire que sa camionnette avait failli basculer au fond de la carrière, on a dit qu’il avait fallu dégager un tas d’ordures qui était sur le bord, et qui nous empêchait d’approcher de la carrière.
Bernard Leduc a été se plaindre à la Mairie, en disant qu’il faudrait mettre un panneau avec des consignes.
Par la suite, on était un peu plus prudent sur le bord de la carrière.
Quelques années plus tard on a appris que l’on pouvait vendre la tournure à des ferrailleurs, on a alors stocké cette tournure pour la vendre, dès qu’il y en avait suffisamment pour remplir un camion. L’argent de cette vente était partagé entre les ouvriers.
Avec le développement de l’entreprise, la vente de tournure est devenue importante, l’argent était versé à "La Fraternelle", pour les activités sociales.
En Septembre 1957, mon cousin Guy Lepage me dit de l’accompagner un soir à une réunion de la société de chasse des Touches, comme je voulais chasser, j’avais un fusil de chasse "Simplex" à un coup, j’ai donc été avec lui à cette réunion.
Il y avait le renouvellement du bureau, les sortants se représentaient sauf le trésorier et il n’y avait pas de candidat.
Le Président avait beau expliqué qu’il était nécessaire d’avoir un trésorier, mais apparemment cela n’intéressait personne, alors mon cousin Guy dit en me désignant : "Henri va bien faire le trésorier".
Le Président a demandé de voter à main levée ceux qui étaient d’accord, tous ont levé la main sauf moi, je me suis donc retrouvé trésorier de la société de chasse.
J’ai très vite compris pourquoi ça n’intéressait personne, la caisse était vide.
La subvention de la Commune a servi à payer le garde-chasse Jean Fougère.
J’ai constaté que les membres ne payaient pas les cotisations, j’ai été à la mairie où le secrétaire M. Augustin Chauvet a mis à ma disposition le registre des permis de chasse, comme à l’époque il n’y avait pas la possibilité de faire une photocopie, j’ai donc relevé tous les noms et adresses de ceux qui avaient un permis de chasse, en partant du principe que s’ils avaient fait les frais d’un permis, c’était pour chasser.
Ensuite j’ai donné la liste de ces chasseurs, il y en avait environ une centaine, au garde-chasse, en lui disant que ceux qui n’avaient pas la carte de la société de chasse des Touches, il devait la première fois, donner un avertissement et la deuxième une amende du double de la cotisation.
Cela a été efficace, tous ont payé les cotisations pour avoir la carte, sauf deux, le frère du garde-chasse Alexandre Fougère et le père Alexandre Picaud.
L’un comme l’autre me disaient qu’il ne paierait que si l’autre paie en premier.
J’ai rajouté une nouvelle page dans mon cahier et inscrit le nom d’Alexandre Fougère avec le montant de sa cotisation et dit au père Picaud qu’il avait payé, il a voulu voir, il a constaté alors il a payé sa cotisation et naturellement Alexandre Fougère a ensuite lui aussi payé sa cotisation, je ne sais pas si ils en ont parlé entre eux...
Avec l’excédent de recettes on a acheté des lapins qui ont été lâchés dans la nature, le père Edmond Lepage s’est chargé de l’opération.
J’ai été quelquefois à la chasse avec le père Edmond, Maurice et Guy Lepage.
Un jour en passant par-dessus un échalier, Guy avait son fusil en bandoulière la crosse en l’air, son fusil a dû accrocher dans la haie et le coup est parti, Maurice qui était à côté, voit de multiples petites tâches sur l’une de ses bottes, il se tape avec les mains sur la cuisse en disant : "C’est une jambe foutue... une jambe foutue !".
Puis on a vu que l’impact du coup de fusil était dans le sol à environ vingt centimètres de son pied, ce qui avait provoqué les éclaboussures de terre que l’on pouvait prendre pour des impacts de grains de plomb, heureusement plus de peur que de mal.
A la réaction théâtrale de Maurice, je me souviens d’une petite anecdote.
Les Jeunes des Touches jouaient une pièce de théâtre à la salle paroissiale, à une représentation Maurice ne pouvait pas jouer, il était malade, le Père Edmond qui était le metteur en scène a joué le rôle à sa place.
Cela se passait bien, jusqu’au moment où le Père Edmond a eu un trou de mémoire, après un long silence, le Père Edmond a dit à haute voix en jurant : "Bon D... soufflez où je fous le camp", éclats de rire des spectateurs.
Cette anecdote est restée célèbre dans la troupe théâtrale.
La période de chasse 1957-1958 terminée, j’ai donné ma démission, comme je devais partir prochainement au service militaire.
Je n’arrêtai pas de travailler pour un petit rhume, mais un jour je suis vraiment malade, donc arrêt de travail de quelques jours.
J’envoie le certificat médical à la C.P.A.M. et deux ou trois jours après il me revient avec la mention : "inconnu à la C.P.A.M."
J’écris au Directeur, M. Fromy à l’époque, en indiquant que je n’étais pas inconnu pour payer les cotisations depuis juillet 1952.
Je reçois une lettre d’excuses de l’Adjoint au Directeur, M. Fromy étant absent, et les jours suivants des lettres d’excuses de trois services dont j’ai oublié les noms, c’est sans importance, le principal étant que le dossier soit réglé.
C’était mon premier problème avec l’Administration.
Par la suite j’ai aidé des salariés qui avaient des problèmes avec la C.P.A.M.
- Anecdotes Henri Lepage - Extrait B