dimanche 9 juin 2024 , par
Société d’Applications Hydrauliques Leduc
Aux Touches, petite commune rurale de 1400 habitants, à 30 km au nord de Nantes, une entreprise familiale, la société d’applications hydrauliques Leduc a pris depuis quelques années une place respectable sur le marché français du vérin hydraulique après s’être lancé à fond dans la commande numérique. Le dynamisme exceptionnel de cette entreprise, c’est d’abord celui d’un homme qui sera secondé de plus en plus par ses fils.
Bernard Leduc est né en 1920. Dernier d’une famille paysanne de huit enfants, il est le seul d’entre eux à avoir quitté la terre. Mais, dès l’âge de 5 ans, possédé par la passion de la mécanique, l’établi l’intéresse plus que les bancs de l’école. Et c’est sans avoir passé son certificat d’études, qu’il rentre en apprentissage en 1934 chez un artisan qui possède un tour fraiseur.
En 1941, Bernard Leduc se met à son compte et s’inscrit au répertoire des métiers. Il prend la succession d’un tourneur et (( bricole )), faisant tous les petits travaux qui se présentent : réparation de bicyclettes, machines agricoles... En Mars 1943, il est envoyé en Allemagne au titre du S.T.O. Quand il en revient, il retrouve Les Touches et s’installe au fond de son jardin, dans une petite baraque en bois, avec un vieux tour qu’il a acheté d’occasion.
En 1944, il devait rejoindre le maquis, ayant une moto, il aurait été agent de liaison entre les groupes et éventuellement pour d’autres missions. Mais le 28 Juin 1944, les Allemands attaquent le maquis, ce sera la fin du maquis de Saffré.
A cette époque, l’industrie de la machine-outil française est anéantie et l’on manque de tout. Avec du matériel de récupération, Bernard Leduc fabrique lui-même une perceuse sensitive. Pour les agriculteurs des environs, il fabrique des scies circulaires avec des ferrailles et des roulements à billes de récupération. En 1952 Bernard Leduc a 3 ouvriers et 2 apprentis, soit 5 salariés.
Un charron lui demande un jour de lui fabriquer un essieu agraire. Il en fera bientôt des centaines pour le compte d’un marchand de véhicules de Nantes. 35 000 essieux agraires sortiront ainsi du petit atelier des Touches, où en 1955 travaillent une dizaine de compagnons.
Pendant des années, entre 1950 et 1965, il y avait une coutume bien établie, le personnel descendait avec Bernard Leduc dans sa cave, même si il était absent, pour prendre un ou deux verres de petit vin de pays ou de cidre, à 11 heures et à 16 heures, environ 10 minutes de pause. C’était l’occasion d’arroser une fête ou un anniversaire et de discuter avec Bernard librement. La descente à la cave s’est terminée, lorsque l’effectif a dépassé la quinzaine, après c’était à chacun d’amener sa boisson, la pause étant maintenue à 11 et 16 heures.
Dès 1959, l’idée vient à Bernard Leduc de se lancer dans l’hydraulique. C’est alors une technique encore peu répandue en France. On lui donne un jour un vérin à réparer. Il tente d’en fabriquer lui-même quelques-uns.
Fin 1959, l’entreprise compte cependant 10 personnes. La vente de vérins se développe et bientôt la fabrication des essieux est complètement abandonnée. L’entreprise connaît une progression spectaculaire à partir des années 60. Sans service commercial et sans publicité, son chiffre d’affaires augmente de 20 % par an, et même 30 % certaines années. Rapidement l’entreprise passe du stade artisanal au stade industriel.
La passion de Bernard Leduc pour la mécanique, n’excluait pas son engagement associatif : le théâtre en tant que responsable "son et lumières" ; les pompiers ; l’organisation des kermesses où chaque année, il innovait de nouveaux "jeux" ; le club de football "Les Jeunes des Touches", dont il est à l’origine de l’aménagement de l’ancien terrain de football, en tant que dirigeant...
Bernard Leduc souhaitait intéresser le personnel au bénéfice de l’entreprise. Il avait signé avec le représentant du personnel Henri Lepage, le premier contrat d’Intéressement de l’entreprise le 2 Janvier 1965, avec effet rétroactif à compter du 1er Mai 1964, pour une durée de 3 ans et renouvelé par la suite. C’était le premier contrat d’Intéressement signé dans le Département.
Bernard Leduc voulait également développer les activités sociales au profit des salariés, mais comme il n’y avait pas encore de comité d’entreprise, il avait créé une association appelée "La Fraternelle", et désigné Henri Lepage comme responsable de celle-ci, à compter du 2 Janvier 1965.
Par la suite, lorsqu’il y a eu un comité d’entreprise, celui-ci en contrôlait la gestion.
Courant 1965, Henri Lepage sera le premier délégué du personnel élu dans l’entreprise Leduc, il était également chef d’atelier, ensuite chef du personnel à partir de 1981, et partira en Janvier 1996 en contrat de pré-retraite contre embauche, ayant plus de 40 ans de cotisations, avec 43 ans et 6 mois d’ancienneté, il était entré le 1er Juillet 1952 comme apprenti.
Dans les ateliers, l’usinage des pièces fait de la tournure, celle-ci est vendu et le produit de la vente était partagé entre les ouvriers. Avec le développement de l’entreprise, la vente de tournure étant devenue importante, l’argent sera par la suite versé à "La Fraternelle", pour les activités sociales.
Entrée des ateliers route d’Ancenis.
En 1966, Bernard Leduc avait créé la Société de Constructions Touchoise (S.C.T.), Henri Lepage en était le gérant du 13 Août 1966 au 31 Décembre 1977. Cette société était agréée pour recevoir ce que l’on appel : le 1 % construction. Le but de la S.C.T. était de construire des maisons pour les salariés de l’entreprise, sans faire de bénéfice, la subvention de 1 %, permettant de réduire le prix de vente des maisons aux salariés. Une loi ayant été votée pour interdire les petites sociétés qui n’avaient pas un certain chiffres d’affaires. C’était la fin du développement de la S.C.T., c’est le C.I.L. de Nantes qui devait par la suite recevoir le 1 % de la S.A.H. Leduc. La S.C.T. continuant la gestion des deux maisons qui avaient été achetées par règlements mensuels, par deux salariés de l’entreprise, jusqu’au moment où ils seraient propriétaires.
- Fin Décembre 1975, départ du premier retraité de l’entreprise, Robert Madelaine, il était entré dans l’entreprise en 1966, Robert avait 52 ans, à cette époque, avoir 50 ans n’était pas un obstacle à l’embauche.
- Dans les années 1970-1980 l’entreprise avait une autre activité qui correspondait à des marchés totalement différents, mais qui utilisait les mêmes moyens de production. Elle fabriquait des lanceurs automatiques de balles de tennis quelle exportait dans le monde entier. Cette activité était cependant modeste. Elle n’employait que huit personnes.
- En 1983, 18 départs en pré-retraite sous contrat de solidarité, onze le 31 Mars, deux le 30 Avril et cinq le 30 Novembre.
- Les écoles de la régions avaient demandé la possibilité de faire pour leurs élèves, des contrats de stages dans l’entreprise, compte tenu le nombre important et diversifié de machines outils. Au début, les stages étaient au mois de Juin. Par la suite, pour accueillir d’avantage de stagiaires, les stages se déroulaient toute l’année. Il y avait une quinzaine d’écoles de la région qui étaient intéressées, pour des contrats de stages de 3 ou 4 semaines en moyenne, concernant des jeunes du niveau CAP ou BAC. Vers 1990, l’entreprise accueillait environ 50 stagiaires par an. La S.A.H. Leduc a reçue le Premier Prix pour l’accueil des stagiaires, devant une entreprise de Renault des environs de Rennes.
- En Mai 1999, départ en retraite du salarié ayant le plus d’ancienneté dans l’entreprise : Hervé Leduc, il était entré le 1er Juillet 1953 comme apprenti, soit 46 ans d’ancienneté.
- L’essentiel est la production de vérins hydrauliques dont la firme est devenue un important fabricant au plan français. Chaque mois 5 000 à 5 500 vérins de toutes tailles (de 20 à 200 mm) quittent l’usine des Touches.
- Bien sûr l’usine des Touches est devenue trop petite. C’est pourquoi en 1977 Bernard Leduc avait décidé de construire une nouvelle unité à Ligné. Bernard Leduc a toujours envisagé l’avenir avec confiance même dans les moments les plus difficiles.
- Vers 1980, création à Ligné de l’atelier robotique, avec la mise en place par Christian Leduc, de cellules flexibles, des gains de productivité seront obtenus : une pièce étant fabriquée en 3 minutes au lieu de 10 sur un tour. Cet atelier robotique tourne à volonté en deux-huit ou trois-huit.
Pour naviguer dans le portfolio, vous pouvez
- Les divers modèles de machines lance-balles pour le tennis appelées B.J.L. et un lance-ballons pour le football, ce projet a été abandonné
__1__