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Corps Francs Vengeance

dimanche 20 novembre 2022 , par Christian Marchand, Fred, Henri

Turma Vengeance
Réseau de renseignement - évasion - action de la Résistance, créé dès 1940

Logo des Corps Francs Vengeance

Emplacement de la maison de M. et Mme Bucquoy en 1944

Le Bourg de la commune de Les Touches où habitaient M. et Mme Bucquoy

Drapeau du mouvement de résistance Turma-Vengeance

Carte de Loire-Inférieure

Roger Fonteneau prisonnier de guerre, s’évade le 10 Décembre 1940. Il est contacté par le Général Edward Wilkinson alias "Alexandre", officier britannique agent de la section française du SOE [1], parachuté en France, qui lui demande d’organiser la Résistance dans sa région. En 1941 et 1942 il monta des petits groupes dans toute la Loire-Inférieure.

Grâce à cette organisation, dès Juin 1943, les parachutages d’armes commencent dans toute la région. Dans la nuit du 28 Juillet 1943, les membres du comité directeur de Nantes sont arrêtés, il échappe de justesse à la Gestapo. En Janvier 1944, Roger Fonteneau alias "Cdt Henri”, est chargé de créer les "Corps Francs Vengeance" en Loire-Inférieure. Il installe son P.C. chez des amis sûrs, M. et Mme Bucquoy dans le bourg des Touches. Mme Annie Fonteneau alias "Henriette", était responsable de l’organisation administrative des "Corps Francs Vengeance". Le recrutement se faisait dans la salle du patronage.

M. et Mme Bucquoy habitaient la maison située à droite du portail qui donne accès par un porche à l’arrière des maisons.
Une voisine qui avait 18 ans en 1944, se souvient très bien du passage de nombreux visiteurs par le porche, sans doute des responsables de sections, agents de liaisons et autres, qui rentraient leurs vélos sous le porche à l’abri des regards.

Le "Cdt Henri" mit sur pied un bataillon, avec 28 chefs de groupes. Des attaques et des embuscades sont effectuées sur tout le département, contre les convois allemands, au moins trente-et-une interventions entre Avril et Septembre 1944.

Début Septembre 1944, le "Cdt Henri" ayant reçu de Paris, l’ordre impératif de s’occuper des affaires civiles, fut désigné membre du Comité Départemental de Libération, il nomme le lieutenant de Torquat, officier des cadres de Saumur, Commandant du 3ème bataillon F.F.I. formé par les "Corps Francs Vengeance", nomination approuvée par le Colonel Félix. De Septembre à Décembre 1944 le 3ème bataillon F.F.I formé par les Corps Francs Vengeance, d’environ mille hommes, tient un secteur difficile de la poche de Saint-Nazaire.

Le 15 Novembre 1947, aux Invalides, Roger Fonteneau recevra la Légion d’honneur et la croix de guerre avec palme.

Extraits du livre : "Chroniques de la Libération - Nantes - Loire Inférieure", par Roger Boiziau.
Certains noms ont été remplacés par des noms fictifs, mais les faits sont authentiques.

La nouvelle de l’arrestation de Julien Lefèvre par les membres FFI du sous-lieutenant Roland, puis de sa détention au patronage des Touches avait fait le tour du pays dans la journée.

Les plus acharnés à le tourmenter étaient les dénommés Tonkin et Bob, à qui Roland aurait confié le soin de faire avouer Lefèvre. La nuit il était enfermé sous la scène dans un minuscule réduit où il ne pouvait que se tenir assis.

De l’avis général, Julien Lefèvre était considéré comme quelqu’un ayant été volontaire pour aller travailler en Allemagne au début de la guerre et n’y être pas retourné pour on ne savait quelle raison. Il passait pour avoir la parole facile et proférer souvent des propos contradictoires. Il aimait faire marcher les gens et ses plaisanteries n’étaient pas toujours comprises dans le sens qu’il aurait fallu. En ces temps pénibles de l’occupation, où la suspicion avait cours, elles étaient ressenties parfois comme des menaces.
On reconnaissait toutefois que personne n’avait eu à souffrir de ses boutades. Mais tous certifiaient ignorer ses véritables opinions.

Si Julien avait voulu nuire à autrui, comme certains le prétendaient, il aurait pu dénoncer son voisin qui faisait partie du maquis de Saffré ou cet autre qui se cachait pour échapper au STO.
Or aucun ne fut jamais inquiété. En fait, ces blagues qu’il aimait raconter et auxquelles il ne croyait pas lui-même, il était le premier à en rire. Il aimait s’amuser, voir les gens s’esclaffer, il adorait ça. Il n’était pas méchant pour deux sous.

Donatien Rialland, l’horloger du bourg, pria son ami Félix Foucault, le boulanger, d’intervenir auprès du sous-lieutenant Roland pour lui faire part de l’indignation des gens et lui demander d’adoucir le sort de Lefèvre. Puis il se rendit chez Alexandre Hodé, le maire des Touches, domicilié à la « Peignerie », pour lui demander d’agir.

Alerté, Alexandre Hodé alla aux renseignements, avec la circonspection qui convenait, car nul n’ignorait la toute-puissance de ces nouveaux maîtres et la terreur qu’ils exerçaient sur les esprits.

Procès-verbal du 30 août 1944, concernant le dénommé Henri Fromentin, alias Roland chez les FFI.

« Nous entendons à dix-neuf heures, Fromentin (Henri), connu sous le sobriquet de Rolland, né le 12 octobre 1920 à la Chaussée en les Touches (Loire-Inférieure), comptable, et sous-lieutenant au groupe FFI aux Touches (Loire-Inférieure), domicilié 16 boulevard Dalby à Nantes (Loire-Inférieure), identité contrôlée avec la carte d’identité n° 31529, délivrée le 30 septembre 1939, par la Préfecture de la Loire-Inférieure, qui déclare :
« Le neuf août 1944, j’ai reçu l’ordre de mon chef, le commandant des FFI Fonteneau (Roger), d’arrêter le milicien Lefèvre (Julien), domicilié à la Varenne en les Touches. J’ai donc été cherché Lefèvre et je l’ai amené en voiture au patronage des Touches, où le groupe des FFI était cantonné. Je ne me suis pas occupé de l’interroger pendant le temps de sa détention, car ce n’était pas mon rôle.

« Les soldats Tonkin, Bob et Nico (noms propres ignorés), étaient spécialement chargés de le surveiller. Le dénommé Tonkin était particulièrement chargé de l’interroger. Tous ces hommes sont actuellement au camp FFI de Guémené-Penfao.

« Je peux dire que Lefèvre a eu ses cheveux coupés et qu’il a reçu des coups, mais qu’il n’a pas été martyrisé et n’a subi aucun mauvais traitement.

« Le 12 ou 13 août 1944, sans pouvoir préciser la date, Lefèvre a été mis dans un camion des FFI pour être conduit à Châteaubriant avec deux soldats allemands prisonniers. IL y avait aussi dans le véhicule, Dubois, demeurant à la « Boishonnière » en Saint-Joseph-de-Porterie, qui avait également été arrêté par les FFI de Carquefou, et amené aux Touches pour être conduit à Châteaubriant.

« Dans la soirée du 12 ou du 13 août, vers 21 heures 30, des soldats FFI sont allés avec le véhicule où étaient montés Lefèvre, Dubois et les deux soldats allemands prisonniers, chercher un troisième soldat allemand, qui était réfugié dans un village situé à proximité du bourg de Ligné. Je n’accompagnais pas le véhicule, mais j’ai été mis au courant de ce qui s’était passé pendant le voyage, par mes hommes à leur rentrée.

« J’ignore le nom réel des hommes qui étaient chargés de cette expédition ; ils étaient trois et le conducteur.

« La ferme où le troisième soldat allemand s’était Téhlyiété étant distante de 300 mètres environ de la route, un soldat FFI s’est détaché pour aller le chercher, un deuxième s’est porté à mi-chemin, entre la route et la ferme, et le troisième est resté avec le conducteur pour garder les prisonniers dans le camion.

« À un certain moment, un soldat allemand a sauté du véhicule, puis a pris la fuite à travers champ. Un soldat FFI a tiré plusieurs rafales de mitraillette, blessant le fuyard.

« Lefèvre, qui était debout dans le camion, a reçu également plusieurs balles dans la poitrine et est décédé quelques minutes plus tard. Dubois n’avait pas été touché, mais il semble qu’il est mort de peur et de l’émotion qu’il a ressentie ; j’ai entendu dire par la suite que Dubois était atteint d’une maladie de cœur.

« Si mes souvenirs sont exacts, je crois que c’est dans la matinée du dimanche 13 août, au petit jour, que je suis allé avec mes hommes ensevelir les corps de Lefèvre et de Dubois. J’ai fait creuser un trou aux environ de la ferme du « Mortier », près du village « Des Mazures » sur la commune de Ligné, où les corps de ces deux hommes ont été déposés.

« Dans les deux trous creusés, nous avons déposé les corps que nous avons recouverts de terre. Par-dessus les tombes, nous avons disposé des obus de 105 désamorcés et des caisses de fusées, le tout recouvert de filets de camouflage pris aux Allemands dans le camion qui est resté pour nos besoins par la suite.

« Le Commandant Fonteneau et tous les hommes du groupe FFI des Touches sont actuellement au camp de Guémené.

« Lefèvre, pendant son interrogatoire, avait donné une liste d’un certain nombre d’individus suspects, ce qui prouve que lui-même l’était aussi. Cette liste sera remise par mes soins au bureau de la sécurité militaire à Nantes, ainsi qu’un certain nombre de dépositions écrites et signées, accusant Lefèvre d’avoir dénoncé des Français à la Gestapo. »

Les gendarmes conclurent leur rapport par des renseignements complémentaires :

« D’après les renseignements recueillis verbalement auprès de plusieurs personnes notables des Touches et au cours de notre enquête, il ressort nettement que les habitants, qui résident dans le voisinage du patronage, désirent se taire en ce qui concerne cette affaire.

« Le lieu où sont enterrés Lefèvre et Dubois est désert et éloigné de toute habitation. Cette prairie servait à la fois de terrain de parachutage et d’exercices pour les soldats des FFI des Touches. »

Toutes les recherches entreprises, tant par la gendarmerie que par l’État-Major FFI de Guémené-Penfao, ne permirent pas de retrouver le sous-lieutenant Roland. Celui-ci semblait avoir disparu corps et bien après le 31 août 1944.

Le corps d’Henri Fromentin, alias sous-lieutenant Roland, ne fut retrouvé qu’à la Libération de la poche. Il avait été enterré au bout d’un champ de choux.

L’Ouest-Eclair 26 Avril 1932 France-Marie Béranger son nom fictif "Julien Lefèvre"

Julien Lefèvre - L’Ouest-Eclair 26 Avril 1932 - 1/2

Julien Lefèvre - L’Ouest-Eclair 26 Avril 1932 - 2/2

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Voir en ligne : Turma vengeance, réseau de la résistance

Portfolio

Notes

[1Le Special Operations Executive (SOE, « Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opère pendant la Seconde Guerre mondiale. Le SOE est créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissous le 30 juin 1946. Il a pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance des pays d’Europe occupés par l’Allemagne et l’Italie et, progressivement, de tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient (« Force 136 »).

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