lundi 18 juillet 2022 , par
,Voir : Maquis de la Maison Rouge
A 83 ans, Maurice Dauvé a voulu honorer la mémoire de ses compagnons morts au maquis en 1944 et du fermier qui les a hébergés.
Photo Jean-Pascal Hamida
Une stèle sera dévoilée ce matin à 10 h à la ferme de la Maison-Rouge, aux Touches, où fut créé il y a 65 ans le premier maquis du département. Maurice Dauvé se souvient.
C’est pas pour moi que je fais ça. Pensez donc, à mon âge ! C’est pour le père Martin et sa femme et tous les gars qui sont restés ». Ça, c’est une stèle en ardoise qui sera dévoilée ce matin à la ferme de la Maison-Rouge, aux Touches, une petite commune d’à peine 2 000 âmes nichée entre Nort-sur-Erdre et Joué-sur-Erdre, où fut créé, il y a 65 ans, le premier maquis du département.
À 83 ans, Maurice Dauvé est, avec André Étienne et Alphonse Chevillard, l’un des trois survivants de cette épopée. Les lieux ont changé, « le petit chemin où on baisait les lapins » a disparu.
Et la route qui autrefois venait buter sur la ferme rejoint désormais celle de NortChâteaubriant Mais Maurice Dauvé n’a rien oublié. Motivé par Guy Hubert, un ancien gendarme de Nort-sur-Erdre, il a voulu cette plaque commémorative. « Ça a pris une bonne année. Mais jy tenais » dit, l’oeil plein de malice, au bord des larmes.
Passés en revue dans la cave
C’est vrai, pour lui, les Martin étaient comme une seconde famille. « J’ai perdu mon père à 10 ans. On était 5 enfants. Moi je suis parti comme commis de ferme. D’abord à Mouzeil, puis aux Touches à la Maison-Rouge ». C’était à la Toussaint 1940. Maurice avait 15 ans. Et pesait 50 kg.
À l’été 1943, le père Marin accueille Claude Gonord, résistant nantais venu se mettre au vert et surtout constituer un groupe maquis en vue de réceptionner un parachutage d’armes. Les moissons sont l’occasion de recruter les jeunes réfractaires cachés à la campagne pour se soustraire au Service du travail obligatoire en Allemagne. En attendant le parachutage, le père Martin prend son vélo pour récupérer à Ancenis « deux mitraillettes et un Mauser ». « Je les ai cachées dans une demi-barrique, enterrée dans une remise ».
Dans la remise voisine, le père Martin avait dissimulé une réserve de beurre fournie au maquis par le directeur de la laiterie de Notre-Dame-des-Landes.
Le 16 octobre 1943, la Maison-Rouge reçoit la visite d’un envoyé de Londres : Henri Bourré, alias Jean-François, futur député des Côtes du Nord, et responsable maquis de l’Armée secrète pour la Bretagne. « Il nous a passés en revue. Dans la cave ».
« Y a 10 gars des Touches qui sont morts »
En juin 1944, les groupes maquis du département reçoivent l’ordre de se rassembler en forêt de Saffré. Ceux des alentours se retrouvent à la Maison-Rouge le 16 juin. Et rejoignent Saffré à pied, dans la nuit Maurice ne part pas tout de suite. « De ce temps-là, fallait finir les foins ». || y arrive plus tard et survivra à l’attaque du maquis par les Allemands le 28 juin au matin. « Y a dix gars des Touches qui sont morts. La stéle, elle est pour eux. C’est la dernière chose que je voulais faire. Après, ça m’est bien égal ! »
Dominique Bloyet
Projection à 11 h 30, salle polyvalente des Touches, du film « Maquis de Safré : la mémoire ».
Le dernier combat du maquisard des Touches sur nantes.maville.com