mercredi 6 décembre 2023 , par
Extraits du livre : Le Diocèse de Nantes sous la Monarchie censitaire (1813-1822-1849)
Septembre 1830, lettre de l’Abbé Clouet, Curé de Nort-sur-Erdre, signalant à l’Abbé Angebault Vicaire Général du Diocèse de Nantes, l’état d’esprit de ses voisins, dont l’Abbé Thomas Robert, Curé des Touches 1827-1870 :
"... Le Curé des Touches a toujours raison !... Les Curés de Ligné, Pannecé, Teillé, Pouillé, Mésanger et autres se sont vus souvent depuis nos malheurs...
Ils ont résolu de ne point chanter le "Domine salvum", de ne pas lire les mandements (supposé que Monseigneur leur en envoie)...
C’est un qui me l’a dit...
Un d’eux se propose de faire enlever le drapeau pendant la nuit (si on le met à son clocher)...
Il serait peut-être à propos que Monseigneur ignore une telle détermination, ce serait lui causer trop de chagrin et il en a déjà trop, c’est le motif qui m’a empêché de l’en prévenir...
Point de remède pour le moment. Dans leurs réunions, ils s’animent, se montent, se décident et prennent un parti dont ils devraient avoir honte le lendemain. Ils sont dans des paroisses dont l’opinion a toujours été bonne, ils s’animent avec leurs paroissiens, parlent souvent sans réfléchir à ce qui peut en résulter. Ce sont tous de bons ecclésiastiques bien exacts, à qui on ne peut faire d’autres reproches... le moment est peu favorable pour les avertir... et encore moins pour les punir...".
Il est impensable que l’Abbé Angebault ait gardé pour lui seul cette information grave. On conçoit donc que le Prélat, averti, ait adopté cette attitude réservée dont se plaint le Préfet, elle ira s’accentuant à mesure que se multiplieront les attaques contre le Clergé.
Mgr de Guérines Evêque de Nantes, en tira des conclusions attristées, mais définitives. Le Clergé, sur l’ordre de l’Evêque, allait donc se réfugier dans un complet isolement. Bouderie ? - Mais aussi prudence et discrétion distante !
Au printemps de 1831, l’Ouest était en effervescence. En Avril, le Lieutenant-général Bonet succéda au Général Lamarque en qualité de commissaire extraordinaire du gouvernement. En Juin, il publia une proclamation pour le maintien de la tranquillité publique : "Quelques factieux, écrivait-il, ... fondent le coupable espoir de leur fortune sur vos dissensions et la ruine de la France !... Que les pères de familles se hâtent d’arracher leurs enfants à ces bandes criminelles... Que les ministres de notre religion ne fassent entendre que les paroles du Dieu de paix...".
Et il terminait en demandant aux Evêques la lecture de cette proclamation au prône de chaque paroisse, pendant trois Dimanches consécutifs. Mgr de Guérines n’en ordonna pas la lecture en chaire. Il fonda son refus sur l’argumentation suivante :
1° - Cette question est du ressort de l’autorité temporelle, or, le parti qui, dans ce moment, dirige l’opinion, ne cesse de reprocher au Clergé de s’immiscer dans les affaires qui ne le concernent plus.
2° - Les Curés risqueraient de perdre la confiance de leurs paroissiens, s’ils devenaient les "instruments" de l’autorité civile.
3° - Si la proclamation était lue en chaire, les termes qui y sont employés pour qualifier les rebelles pourraient attirer la vengeance des chefs de bandes sur un Clergé sans défense, auquel on ferait grief de sortir de ses attributions.
L’Evêque rappela aux Prêtres en termes très nets qu’ils étaient des ministres de paix et que "l’esprit de charité devait diriger tous leurs actes", qu’ils devaient "calmer les haines, prêcher le pardon et l’oubli des injures, réconcilier les cœurs" et qu’enfin la bonne harmonie devait régner entre eux et les autorités locales.
Il est évident que le plus grand nombre des Curés et Desservants ne tenaient pas à lire en chaire la proclamation Bonet, aussi furent-ils tous heureux d’alléguer aux Maires qu’ils ne pouvaient rien publier sans ordre de l’Evêque.
Ce fut le cas aux Touches...
L’année suivante se posera la question des publications relatives au recrutement, ainsi que celle de la proclamation du Général Solignac (12 Juin 1832), prescrivant de déposer dans les Mairies, dans un délai de quarante-huit heures, tous les fusils de guerre ou de chasse, aux Touches et ailleurs... L’attitude du Clergé ne variera pas.
Une des questions qui se posèrent avec le plus d’acuité, fut celle de la prière pour le Roi au cours de la messe dominicale. On a peine, aujourd’hui, à imaginer l’importance qu’alors elle revêtit.
Des catholiques pratiquants se refusaient à prier publiquement pour un roi de médiocre zèle religieux, et en qui s’incarnait la victoire de ceux qui ne pratiquaient pas. Ceux-ci, paradoxalement, tenaient à la prière publique parce que sa récitation symbolisait leur triomphe. C’est donc sur cette question politico-religieuse que s’affrontèrent d’abord partisans et adversaires du nouveau régime.
Au même titre que la prière pour le Roi, le drapeau tricolore, par l’enthousiasme ou l’opposition qu’il soulevait, suscitait des conflits passionnés.
Un conflit éclata aux Touches, le Desservant n’ayant pas accepté qu’on "plantât" le drapeau sur le clocher. Deux ans plus tard, Mgr de Guérines autorisait provisoirement la présence du drapeau dans l’Eglise des Touches, en attendant que fût prêt celui qui devait être fixé à l’extérieur, non sans souligner au Préfet l’inconvénient d’une telle mesure.
- M. l’Abbé Henri Legal sera le dernier curé de la Paroisse aux Touches de novembre 1984 à septembre 1994.
- A compter de septembre 1994 la Paroisse des Touches sera prise en charge par le Secteur Pastoral de Nort sur Erdre.
- Depuis le 7 juin 2003, le secteur Pastoral de Nort sur Erdre est devenu la Paroisse Saint Martin du Val d’Erdre,
avec les églises de Casson, Joué sur Erdre, Les Touches, Nort sur Erdre, Notre Dame des Langueurs et Petit Mars.
https://paroisses-st-pierre-st-martin.fr/
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