jeudi 2 novembre 2023 , par
En guerre contre l’Allemagne depuis le 3 septembre 1939, le 10 mai 1940, la France est envahie par les troupes hitlériennes.
Placé à la tête du gouvernement, le Maréchal Pétain choisit de collaborer avec l’ennemi et proclame l’armistice.
De Londres, le 18 juin 1940, le Général de Gaulle appelle à poursuivre le combat et donne naissance à la France libre.
De Gaulle à la conviction qu’il faut rallier et unir les mouvements de résistance.
En 1942, il confie cette mission à Jean Moulin, également chargé de créer une Armée Secrète (A.S.), pour que les Français participent à la libération du pays.
Des maquis se forment, ce sont des lieux où des groupes de résistants s’organisent pour lutter contre l’occupant.
La mesure très impopulaire du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), qui oblige les jeunes de 20 à 22 ans à partir travailler en Allemagne, permet aux maquis de grossir, avec à l’afflux de nombreux réfractaires au S.T.O.
Dans l’Ouest, l’A.S. naît ainsi au printemps 1943. Elle est dirigée par le Général Audibert. En juin 1943, il s’attache les services de Claude Gonord, un résistant du service de renseignements Eleuthère.
Claude Gonord doit cesser toutes activités de renseignements étant recherché par la Gestapo. Passé à l’Armée Secrète, il reçoit l’ordre de rejoindre le Service national maquis et de se mettre à la recherche d’un lieu pour éventuellement former un maquis.
Début juin 1943, il est présenté à Pierre Martin fermier à la Maison Rouge aux Touches, sous prétexte qu’il devait se cacher, étant réfractaire au S.T.O., Pierre Martin ayant déjà hébergé ou placé dans le voisinage de nombreux jeunes, qui refusaient de partir travailler pour les Allemands, accepta ce nouvel arrivant.
Claude Gonord participa aux travaux de la ferme. Après plusieurs semaines, il révéla à Pierre Martin la mission qu’il devait remplir avec son accord. Pierre Martin accepta et mis sa ferme à sa disposition, avec l’accord du propriétaire Monsieur Viot.
Claude Gonord prit comme adjoint Louis Loizeil ouvrier à la ferme, et commença avec beaucoup de précaution le recrutement parmi les jeunes dans le voisinage, notamment chez les réfractaires qui sont cachés dans les fermes des environs, aux Touches, à Joué-sur-Erdre et à Nort-sur-Erdre, début Juillet 1943, ils étaient 33 à avoir donné leur accord.
Un agent de la Gestapo, Laurent Laplanier, essaya à plusieurs fois d’entrer dans le groupe avec un autre nom.
Le 5 juillet 1943, le maquis de la Maison Rouge est officiellement créé.
Le soir dans la cave, les maquisards assistent à des réunions d’information au cours desquelles il est question de l’armement et de la sécurité du groupe. La consigne est donnée de garder le silence.
Le groupe se dote d’un chant « Ce que c’est qu’un drapeau » et d’un fanion tricolore avec, en son centre, un Sacré-Cœur doré, il était prévu de broder la devise « Vaincre ou mourir ».
Dès octobre 1943, la résistance militaire, temporairement désorganisée, se reconstituait à Nantes et dans les neuf départements placés sous l’autorité du Général Audibert. Le Chef de l’A.S. de l’Ouest pouvait sans perdre de temps jeter les bases de la coordination entre l’action civile et militaire, prendre contact avec le D.M.R. Fantassin. Celui-ci s’est très vite entendu avec le général et lui demanda de le rejoindre à son P.C. le jour du débarquement pour lui servir d’adjoint. Ce P.C. devait être recherché au Nord-Ouest du Morbihan.
Le Général de Gaulle et l’Etat-major de la France libre , informés de l’existence et des activités du maquis de la Maison Rouge, décident de le faire inspecter en vue de son homologation. A cette fin, ils diligentent le délégué militaire régional (D.M.R.) chargé de la zone Ouest la région M, la plus grande région F.F.I. comprenant 14 départements (Normandie, Bretagne, Anjou), le préfet Valentin Abeille alias Fantassin.
Début octobre, Briac Le Diouron alias Yacco, responsable départemental du Service national maquis, agent de liaison entre les divers Maquis, vient informer Claude Gonnord que le groupe allait être inspecté par les délégués militaires de la Résistance mandatés par la France libre.
Le 16 octobre 1943, dans la cave de la Maison Rouge, les maquisards des Touches sont passés en revue.
Cette inspection conduite par le D.M.R. alias Fantassin et le responsable régional maquis Henri Bouret alias Jean-François, en présence de Claude Gonord, de "Yacco", du docteur Dupé alias Janvier, et de Michel Guirriec alias Yannick, aboutit à l’homologation du maquis par Londres.
Le D.M.R. Fantassin monte au grenier muni, d’une mallette. Pierre Martin en déduit qu’elle renferme le transmetteur radio qui va informer Londres.
Le 24 octobre 1943, l’homologation est officialisée par le Général de Gaulle.
Lors de l’homologation, Claude Gonord est nommé Lieutenant, les responsables décident que Claude Gonord et Henri Maingy, chef du groupe de Riaillé, doivent parfaire leur instruction militaire au Maquis de Saint-Yvieux, près de Pléguer en Ille-st-Vilaine. Malheureusement, le 19 décembre 1943, ils y sont arrêtés par la Gestapo.
Henri Bouret alias Jean-François, chef du Service national maquis pour la région Ouest, décide de ne pas dissoudre le groupe des Touches et, selon les instructions de Claude Gonord, Louis Loizel devient le chef du maquis de la Maison Rouge.
Edmond Jaunasse alias "Soulanges", Syndic sur la Commune de Les Touches, sera très actif pour le placement dans les fermes, des jeunes réfractaires au S.T.O.
A la Maison Rouge, les maquisards participent au maniement des armes et au recrutement de nouveaux réfractaires qui viennent grossir les rangs. Les résistants suivent une instruction et un entraînement militaires. Ils se forment à l’emploi des armes automatiques anglaises.
C’est le Capitaine Georges Deleuze, fils du Général Deleuse, agent de liaison entre Paris et le Cdt Yacco, qui était chargé de l’instruction des maquisards de la Maison Rouge.
Le 6 juin 1944, c’est le débarquement en Normandie. Un message de Londres « le canal de Suez est en feu » donne l’ordre de mobilisation des maquis. Des parachutages doivent avoir lieu en juin pour armer les maquisards. Ainsi, le moment venu, ils pourront favoriser l’avancée des Alliés.
Le 14 juin 1944, les responsables décident de rassembler les groupes dispersés, dès le lendemain à la Maison Rouge, sauf ceux de Rougé et Châteaubriant, qui resteront dans la forêt Teillay, où ils seront passés en revue. Le 15 Juin, les uns après les autres les hommes parviennent à la Maison Rouge, le 16 juin au matin ils seront 108 maquisards.
L’Etat-major allié attend des soldats de l’ombre qu’ils gênent les mouvements de l’armée allemande vers le front normand, qu’ils créent un climat d’insécurité sur les arrières afin de contraindre les généraux allemands à maintenir des troupes loin des plages normandes, et pour cela, il faut des armes et celles-ci manquent cruellement.
Or, il est impossible d’envisager un parachutage d’armes au-dessus de la ferme de la Maison Rouge.
L’Etat-major décrète le 15 juin 1944, à Héric, chez les époux Rouquié, le rassemblement de tous les maquisards en forêt de Saffré. Cette forêt, vaste de près de 400 ha qui jouxte les Gouvalous prairies mieux adaptées aux parachutages attendus.
Dans la nuit du 16 au 17 juin 1944 c’est le transfert des maquisards vers la forêt de Saffré, sauf certains ayant décidé de retourner chez eux. D’autres groupes les rejoindront les jours suivants, dont ceux du maquis de Teillay, ce sera le début du maquis de Saffré.
Dans un courrier en date du 2 juillet 1967, le Général Pierre Dejussieu alias Pontcarral, qui était en janvier 1944 Chef d’Etat-major national des F.F.I., explique les raisons de l’installation du maquis de Saffré :
« Le rôle de ce maquis faisait partie du plan d’ensemble qu’Eisenhower avait donné l’ordre d’établir pour réaliser la délimitation de l’arène où se jouerait le débarquement.
Ceci fut étudié et mis en place, initialement, par le D.M.R. de la région M, Valentin Abeille alias Fantassin.
C’est donc bien lors de l’accomplissement d’une mission militaire dans le cadre des opérations découlant du débarquement que la manœuvre de ce maquis s’est accomplie.
D’ailleurs, le Général Eisenhower a écrit dans ses mémoires que l’action de la résistance française à cette occasion pouvait être estimée comme équivalant à celle d’une dizaine de divisions, au moins, c’est dire autant qu’il en fut débarqué dans un premier temps.
Le maquis de Saffré a sa part dans cet éloge.
Que les survivants trouvent ici ma reconnaissance pour leur courage et leur abnégation !
Je m’incline devant nos morts et reste
Votre Chef fier de Vous.
Général Dejussieu. »