samedi 5 août 2023 , par
,En Loire-Inférieure, le premier Maquis homologué par Londres, le 16 Octobre 1945, est celui de la Maison Rouge sur la Commune des Touches, dans la ferme de Pierre Martin.
Un jeune Nantais, Claude Gonord, est chargé par Henri Bourret, député des Côtes-du-Nord, responsable des Maquis de l’Armée Secrète, de recruter et former le 1° Maquis de Loire-Inférieure. Claude Gonord ayant recruté une trentaine de jeunes, c’est le début du Maquis de la Maison Rouge.
Le 16 Octobre 1943, un Officier de la France Libre, délégué par le Général de Gaulle, passa en revue la petite troupe et homologua officiellement le 1° Maquis de Loire-Inférieure.
Le 19 Décembre 1943, Claude Gonord est arrêté par la Gestapo, torturé, puis déporté au camp de Buchenwald.
Malgré cette perte, les maquisards de la Maison Rouge poursuivent leurs activités.
Avec 18 autres groupes du département, le Maquis de la Maison Rouge formera l’ossature du Maquis de Saffre.
Le 14 juin 1944, l’état-major de la Résistance de Loire-Inférieure décide de regrouper les hommes en forêt de Saffré. Les hommes se rassemblent dans la nuit du 15 au 16 Juin 1944 à la Maison Rouge, puis partent en forêt de Saffré, qui comptera environ 300 hommes.
A Saffré, entre le 20 et le 27 Juin 1944, les hommes dirigés par le Commandant Yacco, aménagent un terrain de parachutage dans une prairie, mais les mauvaises conditions atmosphériques retardent le parachutage.
Le 28 Juin 1944, vers 5h du matin, le Maquis est encerclé par plus de 2.000 Allemands et 600 miliciens. Seule une soixantaine de maquisards sont armés, la lutte est inégale.
Après deux heures de combat, les Allemands sont maîtres du terrain.
Treize maquisards sont tués au combat, vingt-sept seront fusillés au Château de la Bouvardière le 29 Juin 1944, deux seront exécutés à la prison Lafayette, vingt-et-un décèderont en camp de concentration, dix seront tués dans les combats de la libération, portant le nombre total des victimes du Maquis de Saffré à soixante-treize.
Ce même jour 29 Juin 1944, peu avant minuit, des avions survolent la forêt de Saffré, au bout des parachutes, des caisses d’armes, des munitions et des vivres tombent du ciel...
Extraits de trois livres sur le Maquis de Saffré
En souvenir d’André Jarret qui avait pris des risques en récupérant une partie des armes, au nez des Allemands, et gardé pendant 76 ans les vestiges du parachutage, ainsi que pour ceux qui sont morts dans l’attente du parachutage d’armes, il semble que les vestiges du parachutage du 29 Juin 1944 ont leur place dans les archives du maquis, ils ont été offerts au Comité du souvenir du maquis de Saffré.
* Maquisards des Touches
13 tués au combat le 28 juin 1944
27 fusillés au château de la Bouvardière à Saint-Herblain
2 fusillés à la prison Lafayette
21 morts en déportation
10 morts dans les combats de la Libération
Le 27 Août 1944, a lieu le premier hommage officiel, et grandiose, à la mémoire des morts du Maquis de Saffré.
A Nort-sur-Erdre, une messe basse est célébrée, suivie d’une cérémonie au monument aux morts.
Cela tient toute la matinée, notamment avec les discours du Directeur de l’école publique M. Boucault, du Maire de Nort-sur-Erdre M. Mérand et du Commandant Yacco.
Dans l’après-midi, la foule immense se rend en pélerinage au Maquis de Saffré.
Les pélerins, venus de toutes les communes environnantes et de Nantes, se comptant par milliers.
Au Pas-du-Houx : un grand autel est dressé à droite des tombes. La messe en plein air est célébrée par l’Abbé Fréhel, curé de Notre-Dame-des-Langueur.
A la fin du service, il prononça une allocution, en termes sobres, mais où l’on sent passer l’âme d’un grand patriote.
Le Commandant Philippe Glajean prononça un discours fort remarqué par la noblesse de ses sentiments. Il dit, en quelques mots, les heures tragiques du 28 Juin. Puis, il s’écria :
Nos morts sont là, ils nous parlent, écoutons-les, ils nous disent : Pas de luttes fratricides, unissez-vous tous, comme nous l’étions ici.
Puis, le Commandant Glajean appela les morts au champs d’honneur, et l’Abbé Ploquin donna l’absoute aux morts.
Minute de silence et Marseillaise.
Hommage aux Morts du Pas-du-Houx écrit par Emile Lainé en octobre 1944
Devant ces treize tombes s’alignant ici,Je voudrais essayer de tracer le récitDes tortures sans nom endurées par ces hommes.Traqués comme un gibier dans les champs où nous sommes,La plupart n’opposaient, aux Allemands en armes,Qu’un vrai cœur de Français où s’étouffaient leurs larmes.Ils étaient venus là dans une belle insouciance,Plus pleins de courage que riches d’expérience.Un souffle était passé, et tous, remplis d’ardeur.Se levèrent sitôt contre l’envahisseur,Is n’avaient jamais pu accepter la défaite ;Ils étaient las du joug qui pesait sur nos têtes.D’un élan spontané de leur âme qui vibreIls s’en vont au maquis, voulant le pays libre.C’était trop tôt, hélas ! Un ennemi puissant,Bien que blessé à mort, et baignant dans son sang,Trouvait encore en lui tant de vitalitéToute pétrie de haine et de brutalité,Qu’on ne pouvait sans risques affronter son courroux.Les martyrs qui sont là sont tombés sous ses coups.On vit, le lendemain de l’affreuse tuerie,Ces morts étendus là par ces fous en furieQui, de rage pareille à celle d’une bête,Les avaient achevés de balles dans la tête,Cinq reposaient déjà dans l’endroit de ces tombes,Trois près de l’autre haïe continuaient l’hécatombe,Quatre étaient dans le champ, le douzième plus haut,Plus mutilés encore par ces lâches bourreaux ;Un treizième était seul, plus loin, dans le chemin ;Nous l’avons transporté ici, le lendemain.Leurs noms, ainsi que ceux de tous les fusillés,Ces noms, on ne devrait jamais les oublier.A ceux qui, jusqu’ici demeurent inconnus,Leurs tertres, pour cela, ne resteront pas nus.Beaucoup d’âmes pieuses, y déposant des fleurs,Diront une petite prière en y mêlant leurs pleurs.Oh ! non, leur sacrifice n’a pas été vain.De l’union des Français il en est le levainEt ces cerveaux broyés, vidés de leur cervelle,Doivent toujours rêver de la France immortelle...À quoi nous serviraient tant de haines stupides ?Ce n’est pas pour cela qu’on est plus intrépide ;Ce serait éteindre le flambeau allumé.Français, le voulez-vous ? Tâchons de nous aimer.
Fait à Notre-Dame-des-Langueurs.
Octobre 1944.
Emile LAINÉ, forgeron.
Voir en ligne : Site du Maquis de Saffré