jeudi 11 mai 2023 , par
Dès le début de l’occupation Allemande en juin 1940, des Français se sont portés volontaires pour aller travailler en Allemagne dans les fermes ou les usines d’armement, en échange d’une bonne rémunération.
Mais ces travailleurs volontaires ne suffisent pas à colmater les manques de main-d’œuvre, l’Allemagne pressa le gouvernement de Vichy de lui fournir des travailleurs supplémentaires.
Le 22 juin 1942, Pierre Laval mit donc en place la « Relève », promettant qu’au départ de trois travailleurs répondrait la libération d’un prisonnier français.
L’opération se solda par un fiasco. Le chef du gouvernement français se résolut alors à organiser le S.T.O.
Le 16 février 1943, une loi de l’État français institue le Service Obligatoire de Travail (S.O.T.), rebaptisé très vite Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) en raison des moqueries suscitées par ses initiales.
La loi cible dans un premier temps les jeunes hommes de 21 à 23 ans. Ils sont tenus de s’engager pour une période de deux ans, leur travail s’effectue principalement en Allemagne, éventuellement les jeunes gens indispensables à l’exploitation des fermes où ils se trouvaient pouvaient être affectés pour le S.T.O. dans les dites fermes, au lieu d’aller en Allemagne.
En 1944, l’Allemagne se faisant plus exigeante, le gouvernement de Vichy élargit le S.T.O. aux femmes sans enfant de 18 à 45 ans et aux hommes de 16 à 60 ans.
Depuis le début de l’année 1943, la ferme de "La Maison Rouge" aux Touches, était déjà connue pour l’accueil des jeunes réfractaires au S.T.O. « le fermier courageux », c’est ainsi qu’était appelé Pierre Martin, il prenait de nombreux risques tant pour lui, que pour sa femme et ses cinq enfants qui, à l’époque, ont entre 2 et 15 ans.
Pierre Martin et sa femme Léontine accueillaient donc les jeunes réfractaires au S.T.O. pour les placer dans les fermes sur Les Touches et les environs.
C’était un Lieutenant Allemand du district de Nort-sur-Erdre, chargé des affaires agricoles, qui devait examiner et éventuellement donner son accord pour les divers cas qui lui étaient présentés.
Il fallait ruser pour présenter le jeune comme indispensable, par exemple le jour du contrôle dans les fermes : en cachant les autres domestiques, en déclarant que le fermier était malade ou handicapé, incapable de travailler, en amenant du bétail pour grossir celui de la ferme qui nécessitait donc un employé de plus, etc...
Le 15 juin1943, Claude Gonord se présente à la ferme de Pierre Martin, sachant qu’il met sa ferme à la disposition des réfractaires, il se fait passer pour un réfractaire au S.T.O.
Chaque jour, comme n’importe quel ouvrier agricole, Claude Gonord prend part aux travaux de la ferme. En même temps, il observe les lieux et les environs, discute avec le fermier et les ouvriers agricoles. Les battages terminés, confiant dans son environnement, le résistant dévoile à Pierre Martin la véritable raison de sa venue aux Touches : créer un maquis afin de faciliter le Débarquement. Pierre Martin et sa femme Léontine sont tout-à-fait prêts à constituer le groupe maquis au sein de la ferme. Cependant, comme ils ne sont que locataires des bâtiments, il leur faut rechercher l’autorisation préalable des propriétaires. Contactés à cette fin, les époux Viot acceptent que leur ferme serve de lieu d’accueil des résistants, réfractaires et maquisards.
Pierre et Léontine Martin entre ainsi en résistance. Le 5 juillet 1943, le Maquis de la Maison Rouge est officiellement créé.
En plus du ravitaillement en vivres, Pierre Martin assurait aussi à certaines occasions la livraison d’armes, comme le jour où il a ramené d’Ancenis des armes dans une caisse en bois sur le porte-bagages de son vélo, ainsi qu’un autre jour, avec un tombereau de fumier, les armes étaient sous le fumier.
La femme de Pierre Martin que tout le monde appelait « la mère Léontine » et qui, dans l’ombre, n’a pas ménagé sa peine. Elle en a battu des omelettes et fait cuire des morceaux de lard pour nourrir ces « petits gars », mais son rôle ne s’arrêtait pas à cuisiner pour les maquisards. Elle prenait des risques pour elle-même et pour sa famille et protégeait de son silence tous les résistants.
Un jour Léontine a refusé d’accueillir un homme qui se présentait comme réfractaire au S.T.O. et qui cherchait refuge, il s’est avéré que c’était un membre de la Gestapo, que se serait-il passé si le loup avait été introduit dans la bergerie ?
Il lui fallait faire preuve de courage et de patriotisme pour soutenir, cacher et nourrir des maquisards. Nul n’ignorait le sort tragique que réservait l’occupant à ceux qui leur portaient assistance.
Le 16 octobre 1943, c’était l’inspection du maquis par le Colonel "Fantassin", représentant le Général de Gaulle, et divers responsables de la Résistance. Le Colonel "Fantassin" après un entretien avec Pierre Martin, monta au grenier avec une petite mallette qui ne l’avait jamais quitté. Il n’a jamais dit ce qu’il était allé faire là-haut, mais sans aucun doute, la précieuse mallette recélait un poste émetteur, le Colonel "Fantassin" avait dû avoir un contact avec Londres. Ce jour, le Maquis de la Maison Rouge fut le premier maquis du département homologué par Londres.
Le 14 juin 1944, les responsables de la Résistance décident le rassemblement des divers groupes de résistants à la Maison Rouge. Le 15 juin, les uns après les autres les hommes parviennent à la Maison Rouge, le 16 juin au matin ils seront 108 maquisards. Pour nourrir tous ces hommes, Pierre Martin n’hésite pas à tuer un veau, et Léontine se met aux fourneaux. Les époux Martin le font de bon cœur et refusent tout dédommagement financier pour les dépenses occasionnées.
Dans la nuit du 16 au 17 juin 1944 c’est le transfert des maquisards en forêt de Saffré, ce sera le début du Maquis de Saffré.
Ici fut formé le 1er maquis de la Loire-Inférieure le 5 juillet 1943 - Ferme de la Maison Rouge -
Pierre Martin, Tous les Maquisards, en signe de reconnaissance et de souvenirs.
Cette plaque doit perpétuer le Patriotisme et le Dévouement que vous avez apportés à la cause de la Liberté."